Histoire du Château de Gardères

Inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques, le Château de Gardères prend sa place en plein cœur d'un village des Hautes-Pyrénées (65) de 400 habitants. On trouve déjà trace du Château à partir du XVème siècle. Il fut reconstruit sur un plan XVIIIème siècle lui donnant son aspect actuel.

Détail insolite: surpris par la nuit, Philippe V, roi d'Espagne, y aurait fait étape le 29 mai 1706 avec sa suite.

 

Ses origines

L'histoire du Château n'est qu'en partie connue et reste encore à approfondir. On peut penser que le Château fut construit et remanié sur un emplacement anciennement occupé par un Château fort, comme le laisse supposer la disposition des lieux et le plan cadastral.

Au XVème siècle la seigneurie des villages de Gardères, Luquet, Seron, et Aast appartenait à la maison de Coarraze. Catherine de Coarraze légua cette seigneurie à son fils Gaston de Foix-Carmaing qui la vendit en 1504 à Bernard II de Coarraze. La seigneurie passa ensuite par héritage aux Castelnau-Laloubêre et fut vendue en 1603 à Antoine d'Incamps, seigneur d'Abêre en Vic-Bilh.

 

Jérôme de Day

En 1674, Jérôme de Day, marchand de laine, puis trésorier général des finances de la couronne de Navarre, acquiert Gardères et sa seigneurie de Louis d'Incamps, marquis de Louvie. Par son mariage en 1672, avec Catherine de Nays, héritière des seigneuries de Gomer et de Nousty, Jérome de Day les recueillit. "Il acheta (...) les seigneuries d'Aast, Luquet, Gardères, Séron, et Soumoulou, ce qui donna lieu à de longs démêlés qui ne finirent qu'en 1763" nous dit Jean Tulat dans "Histoire de la région de Pontacq (Béarn et Bigorre) de 1701 à 1789".

 

Une demeure seigneuriale jusqu'à la révolution

La famille de Day, acquiert donc Gardères dès 1672. Jérôme de Day et Catherine de Nays ont donné à l'Eglise au moins deux filles (Marie de Day et Catherine de Day), religieuses, recensées au Registre des Professions religieuses des Ursulines de Pau, et un fils, Denis de Day, qui achète en 1702 la charge de conseiller au Parlement de Navarre. Celui-ci se marie avec Noble Damoiselle de Casamajor d'Orion, et ont pour fils Pierre de Day (1709-1772), qui devient lui aussi conseiller au parlement de Navarre. En 1758, Pierre de Day se marie avec sa cousine, fille de Daniel de Day-Mars. En 1721 "Séron fournira des tuiles à bon compte pour la reconstruction de Gardères" écrit Jean Tulat. Le plan et la disposition générale ont pu être l'ouvre de Pierre de Day.

Puis en 1760 naît Pierre Joseph de Day-Gardères dit baron de Day (1760-1812) qui sera le dernier seigneur des cinq communes. Le baron de Day émigra pendant la révolution en Espagne, celui-ci était conseiller au Parlement de Navarre depuis 1779. "Ses biens furent séquestrés puis affermés de 1798 à 1800 (...). L'inventaire établi en 1795 (...) nous éclaire sur son bel avoir. Il possédait des immeubles; maisons, champs, près, bois, moulins, à Soumoulou, à Gardères, à Séron, à Luquet, à Pau estimés 182.000 livres. (...) Au Château de Gardères on inventorie : 24 couverts d'argent dont deux cuillers à soupe et quatre à ragoût, 6 salières, 4 flambeaux (...). 8 tapisseries d'Aubusson, 3 en indienne (...). A la bibliothèque : 417 volumes (...). Aux remises sont deux carrosses et un cabriolet. Aux écuries : deux chevaux de selle, et trois mulets de trait. Aux étables : 18 vaches et une paire de bœufs".

De la révolution à nos jours

Après l'intermède de la révolution, pendant laquelle la famille de Day émigra en Espagne, celle-ci revint à Gardères et le Château passa par alliance aux Cazaubon-Lavedan, puis à Marie d'Olce de La lande de Vic en Bigorre le 10 Février 1846. Celle-ci vendit le Château aux enchères à la famille Baqué pour la somme de cinq mille quarante francs en Juillet 1904.

Ainsi depuis le XVème siècle, dans cette ancienne seigneurie de Gardères se sont succédées les familles Coarraze, Foix-Carmaing, Castelnau-Laloubêre, d'Incamps, Day, Cazaubon-Lavedan, d'Olce de La Lande de Vic en Bigorre et Baqué. Les années passèrent et le Château finit par être abandonné, oublié, pillé et même squatté, au gré des intempéries, comme la tempête de 1999 qui portera un coup dur sans précédent au château. Acquis par Mr David Alexandre Liagre, le Château et ses communs reprennent vie petit à petit et la réhabilitation de ce bâtiment reste encore aujourd'hui après plusieurs siècles un travail de longue haleine. Tout est fait pour conserver le cachet et l'esprit de cette demeure chargée d'histoire.

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